Critique : Bande de filles
SPOILERS, BE CAREFUL !
Il y a peu, je finissais le visionnage du dernier film de Céline Sciamma avec ma sœur jumelle : Bande de filles. Film, qui m'avait déjà fort tenté après avoir vu sa bande-annonce, et que je n'ai pas du tout hésité à aller voir, quand ma sœur me l'a proposé... Croyez-moi, Bande de filles vaut le détour, explications...
Synopsis :
Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse.
source : www.allocine.fr
Sachez que, contrairement à beaucoup de films ayant lieu en banlieue - dans ceux que j'ai eu l'occasion de voir, bien sûr -, Bande de filles livre un discours frappant de justesse vis-à-vis du sujet qu'il traite. On y découvre la sublime Karidja Touré - bluffante de vérité -, campant une ado perdue dans une existence avide de liberté. Cette jeune fille, campée par Touré, vit dans cette atmosphère tendue où elle côtoie la dureté d'un frère agressif, des portes qu'elle voit se fermer sous son nez, à cause de ses difficultés scolaires ; et c'est alors, suite à une rencontre subite avec un groupe de filles pleines d'aplomb, que l'adolescente voit une chance de vivre sa fulgurante jeunesse fantasmée, lui sourire.
Touré délaisse alors quelque peu les nattes africaines, pour les remplacer par une perruque d'apprentie-Beyoncé, à l'égal de sa nouvelle amie : ladite « Lady », jouée par Assa Sylla. Marieme, alors devenue « Vic » - personnage campé par Karidja Touré - se voit donc prendre goût aux soirées allumées entre filles, aux garçons, et surtout à cette sensation de pouvoir vivre, « faire ce qu'elle veut » - pour citer le film. Ce qui fait la force du film, c'est sa justesse du traitement, cette palette réaliste qu'il dresse sur ces femmes, trop souvent résumées à un stéréotype réducteur ; beaucoup les voyant comme de vulgaires et simples personnes condamnées à subir une galère qu'elles espèrent éphémère, sans montrer l'once d'une compassion envers ces femmes. Nous avons tous notre image - parfois toute faite - de cette - je n'aime pas utiliser ce mot, et je vais lui mettre de grosses guillemets - «catégorie» de personnes, certains la rabaissant plus bas que terre, d'autres essayant de redorer son blason. Céline Sciamma, elle, rend presque un hommage à ces femmes, les montrant sous leurs multiples facettes, de leur humour, à leur hypnotisante beauté ; la réalisatrice met en valeur la grâce de ces êtres sublimes, à l'aura aussi splendide que des cygnes. Touré est superbe, tout comme ses copines, et la magnifique Monica, toutes ces jeunes filles, même avec leurs artifices (perruques, piercings, maquillage prononcé, etc...) suscitent une inéluctable fascination. Bande de filles est un hymne de vérité, et qui pousse à porter un jugement juste et admiratif envers les protagonistes qu'il met en scène, l'héroïne passant par diverses phases, toutes aussi éprouvantes les unes que les autres, du groupe de lolitas à la prostitution, se cloturant sur une fin laissant de nombreuses perspectives, le long-métrage s'avère être un émouvant et fort tableau représentant une vérité, avec une justesse rare, qui en laissera sûrement peu indifférent. Je recommande vivement.
Lewis