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Lewis critique...
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7 février 2016

Critique : ANTI, Rihanna

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C’était la semaine dernière, que dans une surprise assez générale, Rihanna dévoilait enfin l’album qu’elle annonçait depuis des lustres, à coups de «teasings» en tout genre et autres prétextes à faire languir ses fans – notamment sur les réseaux sociaux. Et c’est donc le 28 janvier, d’abord sur Tidal, qu’est sorti ANTI avant d’être officiellement disponible le lendemain même. Avec cet album, le cyclone aux multiples tubes inratables, qui ont ponctué plus de la dernière décennie, nous revient plus adulte, davantage profonde - un tantinet -, expérimentale, le tout en gardant sa touche quelque peu juvénile et facile – musicalement parlant, comme on a pu souvent le lui reprocher.

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En toute franchise, Rihanna et moi ce n’est pas une histoire d’amour. Et sans être allergique à la Miss, je ne suis pas un fervent défenseur de son travail, même si cependant, j’arrive à lui trouver des qualités. Mon unique et quasiment franc coup de cœur «rihannien» en terme d’opus complet, était Good Girl Gone Bad, paru en 2007, qui portait notamment des tubes mondiaux comme Umbrella ou Don’t Stop the Music. Ce disque est d’ailleurs un opus que je prends toujours plaisir à écouter, malgré les années qui s’accumulent derrière lui. En effet, j’ai toujours trouvé ce Good Girl Gone Bad, tonifiant, urbain as fuck, et un brin sincère dans la forme – du moins, semblant comme tel. Et c’est en fait, justement, ce manque palpable de «sincérité» apparente ou dont on voudrait créer l’illusion que j’ai eu tendance à reprocher à Rihanna ces dernières années. J’ai bien souvent eu tendance à la comparer à une usine à tubes plutôt insignifiante et froide, bien que j’ai su réellement l’apprécier à une époque. Les Where Have You Been, We Found Love, Rude Boy et autres armes calibrées pour conquérir le succès m’ont pour la plupart laissé froid. Bien que Rihanna ait su me surprendre – et dans le bon sens – avec des titres comme Diamonds ou Stay, qui justement avaient su susciter chez moi une émotion, avaient su me toucher, en ayant du moins réussi à rendre notable une sensibilité qui m’avait déserté à l’écoute de la musique de l’interprète de Disturbia ces dernières années. Mais quel est donc mon ressenti sur ANTI ? Dernier né de la chanteuse, que je me surprends à ne pas qualifier de «produit tout droit sorti d’usine» - ce qui aurait pu être le cas, vu l’opinion que j’ai pu me forger sur la chanteuse récemment.

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En effet, dès l’ouverture du disque sur Consideration (feat. SZA), on retrouve cette Rihanna bitchy, affirmée, teigneuse, frôlant le rap dans son phrasé débité rudement et avec niaque, sur des beats pêchus entre un style dance et à la fois bien plus urbain. Ce caractère, urbain, justement, qui ne m’a pas été déplaisant de retrouver sur cette piste brève (2 :41 seulement) calibre ingénieusement cette bombe gradée qui ponctue progressivement l’attention de l’auditeur découvrant l’opus. La seconde piste James Joint, nous plonge elle, dans une ambiance moins imposante, et davantage apaisée, mais surtout sensuelle. Un morceau très court qui fait presqu’office d’interlude ici – Rihanna aurait-elle voulu se la jouer Janet Jackson, elle-même très friande d’interludes sur ses disques ? Après cette transition sexy, c’est Kiss It Better qui fait son entrée, sur un ton de nouveau plus imposé et affirmé, comme on pouvait le percevoir sur la première piste de l’album, Kiss It Better faisant elle-même, également, recours à des beats et sonorités basses et profondes sur son instrumentale, des choix qui suffisent à donner un côté assez massif au titre, en lui laissant toujours cependant, un aspect très envolé, voire planant. Sur le titre suivant, Work, Rihanna retrouve Drake, avec qui elle avait déjà collaboré, notamment sur l’album Loud en 2010, avec What's My Name. À l’image de cette ancienne collaboration mentionnée, Work est une chanson entêtante, légère et très urbaine, arborant elle aussi des beats rebondis et sucrés. La chanson, qui m’a de prime abord semblé assez redondante, avec son énumération de : «Work, work, work, work, work…» a su s’accorder un certain charme, au fur et à mesure de mes écoutes. L’intervention de Drake sur le titre vient amplifier la dimension dégagée du morceau, un titre qui fait briller son refrain fort accrocheur, le tout sur une instrumentale épurée et smooth. Rihanna nous immisce ensuite et subitement, dans une contrée plus sombre, plus pesante, des aspects qui s’illustrent de nouveau par les sonorités profondes et basses qui accompagnent sa voix suave, avec une manière de chanter qui encore, frôle parfois le rap, dans un phrasé sec, sur un timbre qui l’est également, accompagné d’un zeste de froideur. La chanson suivante, Woo, prend elle aussi un ton pesant et sombre, mais davantage dansant et électrique, dans une ambiance qui se positionne à nouveau, et comme nous y a habitués la Miss, entre le bad trip et le franc sex-appeal. Needed Me, suffit donc à prolonger ce trip, en instaurant davantage les sonorités planantes et dansantes déjà discrètement présentes sur le morceau précédent. Needed Me se montre alors barrée, ce à sa manière, lâchée et sobrement froide. Rihanna presse un peu plus le citron de cette atmosphère nocturne, détendue et un tantinet rude avec le court titre Yeah, I Said It, une transition onctueuse, sensuelle et régulière qui créera un contraste efficace avec le titre qui lui succèdera. Le titre qui suit justement, c’est Same Ol’ Mistakes, une reprise simple deNew Person, Same Old Mistakes de Tame Impala, chanson parue l’année dernière sur leur album Currents. Ce que Riri en fait ? Un remake au féminin, tout simplement, et étonnamment, c’est tout à son honneur. Puisque même si la chanteuse n’a pas instauré d’innovations notables pour revisiter New Person, Same Old Mistakes, sa reprise brille par son ingéniosité, car en effet, la voix de Rihanna sied merveilleusement avec l’atmosphère noire, massive et lourde de l’originale, qui était déjà excellente. Cette reprise est donc, assurément, un de mes coups de cœur sur cet album, même si elle brille davantage grâce à Tame Impala et son travail originel, que grâce à l’appropriation de Rihanna.

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La chanteuse casse ensuite subitement le ton langoureux, dark, pesant, qui caractérisait jusque-là ANTI, avec la ballade Never Ending, un morceau solaire et doux, qui marque un contraste qui débouchera sur une phase plus posée dans l’album. Comme si Rihanna nous avait amenés dans une soirée pimentée et enjouée qui s’illustrait par cette première partie du disque, et que Never Ending nous purgeait la gueule de bois, le lendemain matin. La chanson suivante est peut-être la surprise de cet album, puisqu’en effet Love On The Brain fait s’essayer Rihanna à un style plus soul – non, non, ce n’est pas une blague -, et le plus surprenant c’est que ça fonctionne, et que la chanteuse arrive à être crédible sur ce genre de morceaux. Ses capacités vocales y sont pour une fois, bien mises en valeur, et elle ne force d’ailleurs pas trop sur sa voix, comme c’est hélas le cas sur le titre Higher, qui succède à cette ballade efficace à la Mary J. Blige. Higher, donc, c’est de nouveau une ballade, où Riri essaie de se la jouer Whitney Houston, sauf que malheureusement pour elle, elle n’a pas du tout la voix pour chanter ce genre de titres, et le résultat est presqu’embarrassant. Heureusement, la chanson ne dure que deux petites minutes, ce qui écourte rapidement le malaise. Bref, n’est pas diva qui veut ; Beyoncé arrive à allier les styles plus urbains et R&B en livrant des prouesses vocales incontestables, mais ce n’est bel et bien pas le cas de Rihanna, qui n’est tout simplement pas crédible dans ce registre. Cependant, Rihanna se sauve ensuite, avec, de nouveau, une ballade, qui s’intitule cette fois Close To You, un titre qui rappelle ses débuts, avec des chansons comme Unfaithful, qui figurait sur A Girl Like Me, sorti en 2006. Un morceau qui conclue donc sobrement la version standard de cet opus, pour la version deluxe, le bad trip perdure avec trois titres supplémentaires. Des inédits qui marquent une sorte d’union entre les deux phases que proposait la version standard de ANTI, à l’image d’un diptyque. Cette prolongation est amorcée par une chanson transitoire, Goodnight Gotham, à la fois berçante et dansante – je sais, c’est paradoxal, mais c’est ce qu’elle m’inspire -, qui établie une graduation qui part d’abord d’un registre plus nocturne et posé avant de conclure sur quelque chose de plus imposant. Avec Pose, je retrouve la Rihanna qui m’agace – un rendez-vous dont je me serais bien passé en somme -, un morceau bitchy, qui transpire le twerk et la vulgarité dont font aujourd’hui un fond de commerce : Miley Cyrus, ou encore Nicki Minaj, et qui ont fait passer du côté obscur de la force des divas des années 2000 comme Jennifer Lopez, qui méritait bien mieux que de se laisser emporter par la dictature du «shake your fake booty». La touche finale Sex With Me fait office de synthèse : on retrouve le thème du sexe, une certaine maturité apportée par ANTI, et la combinaison du diptyque présent sur ce même disque. ANTI s’annonce donc comme un tournant dans la discographie de Rihanna, puisqu’elle y apparaît plus mure, même si cependant, elle garde la dimension sexuelle qui a en partie fait sa gloire, ainsi que la «jeunesse» qui émane de sa musique. Et même si les Bitch Better Have My Money ou autre, American Oxygen par exemple, n’y figurent finalement pas, ANTI bénéficie d’une certaine crédibilité, qui m’a beaucoup étonné venant de la Miss. Je rappelle que le cyclone Rihanna sera en concert chez nous, notamment à Paris, Lyon ou encore Nice, une tournée dont l’annonce a fait l’effet d’une bombe et dont les places continuent de s’arracher.

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Lewis 

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