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Lewis critique...
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29 mai 2016

[Parce que c'est la Fête des Mères] Critique : Maman, mode d'emploi

Motherhood

[Synopsis du film Maman, mode d'emploi] : Greenwich Village à Manhattan. Eliza Welsh est une ancienne écrivaine de roman devenue une maman bloggeuse. Elle veut organiser une fête d'anniversaire pour sa fille de 6 ans. La chose aurait pu être aisée si seulement sa liste des choses à faire n'était pas aussi longue. Entre son plus jeune fils, les mamans tyranniques de l'air de jeu, la folie du parking et les excuses à faire à sa meilleure amie pour avoir posté ses confessions sur son blog, Eliza va avoir une journée des plus mouvementées, surtout qu'elle veut à tout prix participer à un concours organisé par un magazine. Mais comment répondre en 500 mots à la question : "Qu'est-ce-que signifie "être une maman" pour vous?"

Aujourd’hui, le mois de mai touche à sa fin, nous sommes le 29, et pour ceux qui l’auraient oublié : c’est la Fête des Mères. Autre fête jugée comme étant à seul but commercial pour certains, à l’instar de la Saint-Valentin, mais dont nous gardons tous des souvenirs en tête, d’ailleurs, sûrement drôles pour la plupart. Nous avons tous à l’école maternelle puis primaire, été invité à réaliser des cadeaux farfelus pour nos mamans : des poteries douteuses aux cartes affreusement peintes à faire retourner Picasso dans sa tombe, nous avons tous en tête, certainement, l’image de nous enfant, tendant une réalisation attentionnée à notre Maman, avec cette phrase dite sur un ton à la fois mignon et dubitatif : «Tiens, c’est pour toi, Maman !». La femme qui nous avait portés pendant neuf mois se régalait alors d’un sourire ému, et ce même si dans son for intérieur elle trouvait notre présent laid, parce qu’elle s’en fichait au fond : il s’agissait bien souvent d’un cadeau indubitablement moche, bon pour la casse, mais que l’intention rendait beau.

Aujourd’hui, à l’âge adulte, nous n’avons peut-être plus l’obligation scolaire de réaliser, puis d’offrir un cadeau à notre mère. Et même si parfois, nous avons beau nous ficher de cette fête annuelle bien souvent remise en cause par les plus sceptiques, le fait est qu’elle fait bel et bien partie de notre vie à tous. Justement par des souvenirs enfantins, à l’époque de l’école primaire, par exemple. En somme, le comble est peut-être qu’il faille un jour déterminé pour mettre à l’honneur sa mère : argument également utilisé par les « anti-Saint-Valentin » quant à l’amour porté à son âme sœur, et qui se tient, finalement. Peut-être devrions-nous plus souvent célébrer les êtres qui nous sont chers ? Sans le cadre quelque peu superflu et instauré d’un jour à cet effet ?

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Jennifer Aniston dans Joyeuse Fête des Mères de Garry Marshall, sorti en France cette semaine. 

Paroles niaises, je vous l’accorde. Toutefois, je ne suis ni un « anti-Fête des Mères » invétéré ni un fervent défenseur de celle-ci : ce jour est bel et bien là, sur le calendrier, il n’empêchera ni la Terre de tourner, ni chaque individu d’aimer sa mère quotidiennement. Peut-être faudrait-il simplement en profiter sans en faire une affaire d’état ? (via un boycott ou une glorification immodérée de cette dernière). Cependant il semblerait que pour certains, la Fête des Mères soit tout à fait louable et une réelle source d’inspiration, du moins si l’on en croit Monsieur Garry Marshall à Hollywood, qui nous revient ce printemps avec une nouvelle comédie, intitulée… Roulement de tambours… Joyeuse Fête des Mères (comme titre, plus original, tu crèves ! – je range ma mauvaise langue). Un film rose bonbon à souhait qui réunit le trio de vedettes Julia Roberts (que Garry Marshall a hissée au sommet avec Pretty Woman en 1990)/ Jennifer Aniston/ Kate Hudson. Bref. Preuve sur grand écran que la Fête des Mères, qu’elle soit boudée ou acclamée continue d’inspirer, même en 2016. Et que Garry Marshall aime décidemment célébrer les fêtes en vrac, de la Saint-Valentin à la Saint-Sylvestre. À quand un film sur Halloween, Garry ?

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Julia Roberts, Jennifer Aniston et Kate Hudson dans Joyeuse Fête des Mères.

Indubitablement, les mères de toutes les époques, ainsi, qu’à toutes époques, ont inspiré les artistes, que ce soit dans la musique, la peinture, la littérature, et j’en passe et des meilleurs… Et évidemment, au 7ème art, ce qui m’a donné l’idée de vous parler d’un mal aimé d’Hollywood, datant de 2009, un film boudé, affreusement baptisé Maman, mode d'emploi, dont seule la présence d’Uma Thurman, actrice que j’adore, avait suscité chez moi un intérêt – que je l’assume une bonne fois pour toutes. Maman, mode d'emploi donc, réalisé par Katherine Dieckmann, a écopé d’un accueil très laborieux, faisant ainsi un bide intersidéral à sa diffusion, d’ailleurs pour le moins maigre. Il faut tout de même se rendre à l’évidence que le long-métrage s’est discrédité par une stratégie marketing absolument non-efficace, affublé notamment de cette abominable affiche jaune poussin, et vendu principalement comme une comédie. Ce que n’est pas le film en premier lieu, dans la mesure où son but premier n’est pas de nous faire rire.

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Si le personnage d’Eliza Welsh (Uma Thurman), un peu cruche, et aux allures parfois légèrement farfelues peut amuser, le propos du film n’en est pas pour le moins, comique avant tout. Ainsi et malheureusement, Maman, mode d'emploi – j’ai en horreur ce titre discréditant -, ne se vend pas de la bonne manière. Et ce ne serait-ce que dans son synopsis ! Puisque ce dernier vend davantage le film sur l’idée qu’Eliza veuille organiser une fête d’anniversaire superbe pour sa fille, que sur son réel thème : être maman, et ce que cela applique d’un point de vue personnel, dans la vie d’une femme. En effet, le film porte une réflexion sur la maternité, voulue en nuances, mais dont la forme reste caricaturale, ce qui cependant s’avère être un « atout », puisque cette dimension formelle stéréotypée, palpable ici, rend le message du film accessible à tous. Il incite en fait le spectateur à être attentif au portrait suivant : celui d’une femme complètement surmenée, nerveuse, déboussolée, et ayant la sensation de s’être abandonnée, et ce dans son statut de mère, au détriment de celui de femme. Nous passons donc une journée avec une Eliza stressée, exigeante avec elle-même et particulièrement nerveuse. Immiscés dans sa vie, nous visionnons alors un film qui évolue sur deux pôles : l’un est centré sur cette fête qu’elle se tue à préparer pour les six ans de sa fille, l’autre sur ce concours organisé par un magazine et auquel elle participe, invitant à écrire un texte en réponse à la question suivante : «Qu'est-ce-que signifie "être une maman" pour vous? ». Pour ma part, c’est davantage le second axe qui m’a intéressé, puisque j’ai trouvé que le premier n’était qu’un prétexte à situer l’action du film, ainsi qu’à planter son décor. La réflexion amenée sur le statut de mère à notre époque m’a semblé pertinente dans l’idée, même si je l’ai trouvée plutôt superficielle dans son traitement.

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Car nous avons ici affaire à une femme malheureuse. Obstinée à se conforter dans l’idée du contraire, pour ne pas venir contrer les conventions sociales et sociétales qui voudraient visiblement, - et si l’on en croit les dires du film - qu’elle soit épanouie et baigne dans la plénitude pour la simple et bonne raison qu’elle est mère de deux enfants : impliquant donc qu’elle « devrait » être comblée. Parallèlement, son mariage est en crise, sa situation précaire fait qu’elle peine à arrondir ses fins de mois, et sa vie creuse et monotone s’inscrivant parfaitement dans le schéma « métro-boulot-dodo » la frustre, au point qu’elle en vienne presqu’à se demander quel sens elle peut bien avoir. Obnubilée par l’idée d’aveugler son malheur, le personnage d’Eliza n’est pas à aborder comme une simple dinde overbookée et épuisée, mais comme un archétype proposé ici par Katherine Dieckmann (caricatural certes). Et en l’occurrence, celui d’une femme en quête d’elle-même, de sens, et en quelque sorte égarée par le train-train quotidien, incluant entre autre une maternité, qui voudrait selon le regard sociétal (aliénant du coup celui d’Eliza) qu’un statut de mère comble assurément une femme. Pour accentuer son malheur, Katherine Dieckmann choisit de faire camper à Uma Thurman un personnage certes, déstabilisé dans son rapport à sa maternité, mais également en détresse dans sa situation financière et conjugale. En somme, comme si le spectateur ne pouvait comprendre un désarroi d’Eliza face à son statut de mère ainsi qu’à son statut de femme, qu’accentué dans une globalité, généralisant presque ce même désarroi, rendant alors sa détresse évidente, au-delà du thème maternel. Eliza aime ses enfants plus que tout au monde bien évidemment, ce qui est traduit par la ferveur avec laquelle elle s’implique dans l’organisation de cette fête d’anniversaire destinée à sa petite Clara, mais souffre du fait de ne pas – et d’abord de manière refoulée – répondre aux besoins de sa vie de femme. Ce qu’illustre très bien la scène où Uma Thurman se déchaîne sur la musique de sa jeunesse, utilisant la danse en guise de purgation d’un besoin délaissé depuis longtemps et enfin assouvi : se lâcher. Vivre, tout simplement. Vivre au-delà de ce qu’il faut concevoir pour le bien des petits – et avec tout l’amour porté -, au-delà des fins de mois qu’il faut arrondir et toutes les tâches étouffantes qu’Eliza ne sait plus que se condamner à faire au détriment de ses envies viscérales.   

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Je crois que le conseil que voulait donner Katherine Dieckmann à travers ce film est le suivant : «Avis à toutes les mères aimantes et bienveillantes, faites le bien pour vos enfants, répondez à leurs besoins, mais répondez aussi aux vôtres». Hélas, cette belle invitation s’engloutit presque sous les conventions hollywoodiennes que Katherine Dieckmann semble vouloir à tout prix respecter, comme pour ne pas avoir à endosser le grabuge que pourrait susciter son discours. La fin du film s’inscrit tout à fait dans l’happy ending stéréotypé et académique d’Hollywood, avec notamment ce chèque de 24 000 dollars qui arrive comme un cheveu sur la soupe, venant sauver le couple d’Eliza.

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Finalement, on peut dire de Maman, mode d'emploi qu’il porte un discours authentique et inspirant, synonyme d’une réflexion touchante et réellement intéressante, mais qui ne s’assume pas - où brille cependant une Uma Thurman pleine d'énergie et touchante. Et qui ainsi se cache derrière des conventions filmiques niaises – qui peuvent cependant avoir leur charme -, mais dénigrant la vraie richesse du film, qui est son message – que j’ai peut-être trop interprété, je l’accorde.

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En ce jour de célébration des mères, je réitère cependant mon interprétation du film et de son message (peut-être farfelue, mais je l’assume) : «Avis à toutes les mères aimantes et bienveillantes, faites le bien pour vos enfants, répondez à leurs besoins, mais répondez aussi aux vôtres»

Sur ce, joyeuse Fête des Mères à toutes les Mamans ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lewis 

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Commentaires
L
Ton article me donne envie de voir ce film alors que je n'avais pas spécialement envie de le voir. <br /> <br /> Je trouve ton interprétation très jolie et c'est dommage que le film n'assume de véhiculé ce message. <br /> <br /> Merci en tout cas pour cet article !!! <br /> <br /> à bientôt

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