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Lewis critique...
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19 novembre 2016

[Retour d'une icône] Adjani crève le petit écran dans Carole Matthieu

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Synopsis : Médecin du travail à Melidem, une entreprise aux techniques managériales brutales, Carole Matthieu est témoin de la détresse des salariés harcelés. En totale empathie avec eux, elle tente en vain d’alerter sa hiérarchie sur les conséquences de ces pratiques, à l’origine d’un premier suicide. Alors quand Vincent, un employé dont elle suit depuis des années la descente aux enfers, la supplie à son tour de l’aider à en finir, elle y voit le seul moyen de contraindre les dirigeants à revoir leurs méthodes…

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C’est hier soir, que l’attente quant au retour de l’une des icônes les plus fascinantes et éminemment respectées de la stratosphère cinématographique française touchait à sa fin. Deux ans après une apparition drôle à souhait dans la comédie girly d’Audrey Dana, Sous les jupes des filles, dans le rôle d’une modeuse hystérique, Isabelle Adjani, interprète anthologique entre autres, de la reine Margot, Camille Claudel ou encore Adèle Hugo, nous revient. Et pour renaître à nouveau, comme elle l’avait fait de manière retentissante avec La Journée de la Jupe en 2009, Adjani a choisi le petit écran, et plus particulièrement la chaîne ARTE, avant de s’offrir un retour dans les salles obscures le 7 décembre prochain, avec ce même film, d’abord révélé aux spectateurs sous forme de téléfilm : Carole Matthieu.

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L'actrice à Cannes, à l'époque de La Journée de la Jupe, en 2009.

En effet, les apparitions de la reine Isabelle sont devenues rares, et la perspective autour de ce nouveau long-métrage s’apparentait à un tunnel au bout bien lointain, tant la communication autour du film s’est d’abord effectuée de manière furtive et discrète. Notamment quand la comédienne évoquait l’arrivée prochaine du projet dans un entretien poignant accordé au magazine Elle, au printemps dernier. Puis sont arrivés un été, un automne, et enfin un hiver grisâtre, plantant parfaitement le décor glacial de ce Carole Matthieu, signé Louis-Julien Petit. Immergés au cœur d’un mois de novembre à peine abattu par la victoire d’une sinistre blague humaine, pas à pas, à l’aube de son cousin décembre : nous recroisons nostalgiques, le chemin de la femme à la main sur la joue, au visage de poupée en porcelaine attristé, et au regard saphir. On pourrait pointer du doigt l’œuvre du bistouri sur son visage hypnotique, destinée à contrer ce que la dame appelle un « monstre », et qui n’est autre que la vieillesse. Mais à quoi bon ?

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Adjani au Festival d'Angoulême, pour présenter Carole Matthieu, en août 2016.

Dans Carole Matthieu, l’actrice est toujours aussi envoûtante, campant ce rôle auquel elle semblerait avoir été prédestinée. Puisqu’Adjani enfile à nouveau le costume d’une femme torturée, désespérée, tiraillée mais surtout blessée. Un registre qui lui va si bien. Happé par les cordes saisissantes qui mettent en notes sa musique, Carole Matthieu dresse le portrait d’un personnage presque christique, d’une empathie immense et au prix irrémédiable, au sein d’une fresque glaciale où la tyrannie est reine, l’humiliation, un leitmotiv, et le harcèlement, quotidien. Calibré sur un peu moins de 90 minutes secouées, le film positionne Adjani dans une figure de sauveuse fantomatique, porte-parole de victimes trop nombreuses et excédées, au bord du gouffre. Au milieu de cette hystérie de l’entreprise et ce brouhaha tyrannique, elle semble, de ses yeux bleus perçants, être la seule à mesurer la gravité de ce qui frappe cette boîte esclavagiste, comme visant à être le Moïse qui libérera des hébreux assujettis. Si la référence biblique est tentante, elle ne reste que métaphore et ne définit pas le film, qui s’apparente à un cri du cœur, sur un mal encore trop répandu et commun, et où le « happy end » chôme. Dans notre société, circulant à une vitesse foudroyante, en oubliant souvent une indispensable humanité, Carole Matthieu livre un discours terrassant sur une question cruciale : les places dans le domaine professionnel sont-elles si chères, qu’une fois implanté, il serait davantage souhaitable d’endurer l’enfer, plutôt que d’assumer de quitter un cauchemar éveillé, risquant une insécurité ? 

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Lewis 

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