Critique : Nymphomaniac

Synopsis :

La folle et poétique histoire du parcours érotique d'une femme, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s'est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.

Attention aux spoilers ! 

Frappant, dérangeant, déroutant, percutant, magistral, exceptionnel, extraterrestre... Il est difficile de trouver les mots pour qualifier un film à la fois indubitablement intriguant, mais toutefois fascinant, et prodigieusement réalisé. Nymphomaniac dresse le portrait chaotique d'une femme qui s'auto-déclare nymphomane, et dont l'existence rime sans arrêt avec le trouble. 

Lars von Trier livre ici, un film à la mise en scène audacieuse, et à la narration très captivante. Le flashback étant la principale trame narrative du film, puisqu'en effet, la protagoniste, échouée chez un viel homme, raconte son vécu à ce dernier, ainsi qu'à nous, spectateurs. Le film s'allonge sur deux volumes, le premier d'entre eux, est porté par Charlotte Gainsbourg, mais surtout par une Stacy Martin sidérante de singuralité, qui campe une Joe adolescente, rachitique, et respirant la vulnerabilité. La jeune femme découvre vite son corps, et son appétit sexuel exacerbé ; les hommes s'enchaînent alors, et la chute s'accélère. 

Les performances des acteurs sont toutes louables, indépendamment de celle de Stacy Martin, qui est excellente, Shia LaBeouf est lui aussi frappant de vérité, tout comme Christian Slater, qui joue le père de l'héroïne. On retiendra également, une apparition remarquée d'Uma Thurman, dans une scène très forte et frappante, où elle confronte son mari à la déchirure qu'il a infligé, à elle, et ses enfants. La narration reste particulièrement efficace, et ce, sur les deux volets, le spectateur est tenu en haleine durant tout le métrage, tant ce dernier est prenant. Dès la fin de sa première partie, Nymphomaniac s'avère être une œuvre d'une riche intensité, qui arrive à styliser via la mise en scène, des prises extrêmement crues. Le film est une fresque puissante sur la nymphomanie, qui se révèle être une expérience cinématographique très singulière.

Mais qu'en est-il du second volet ? Tout d'abord, porté par la performance exceptionnelle de Charlotte Gainsbourg, je dirais que ce second opus n'est pas inférieur au premier dans sa qualité, mais qu'il est tout de même plus intense, notamment avec les scènes de sado-masochisme, qui ne laisseront personne indifférent, et où nous sommes confrontés à la prestation sidérante de Jamie Bell, en sado-masochiste terrifiant. On note aussi, le jeu honorable de Mia Goth, ainsi que, et évidemment, celui de Stellan Skarsgard, qui est aussi présent dans le premier opus. 

Cloturé sur un final à couper le souffle, Nymphomaniac est un bijou du cinéma érotique, que certains réduiront à un « porno chic », alors que pourtant, le film est une œuvre réfléchie et magistralement orchestrée.

Incroyablement intense, prenante, et frappante. 

PS : S'abstenir pour les âmes sensibles !!

Lewis